La pédagogie blanche

Blanc comme un champ de neige, blanc comme une feuille à écrire, blanc comme une toile à peindre. Le blanc, c’est à transformer, à inventer, à moduler…. Noir comme un tableau, noir comme une feuille raturée, noir comme la fermeture. Noir et blanc, deux expressions, deux façons de vivre, deux façons d’enseigner, deux pédagogies.

Une pédagogie attitude

La pédagogie blanche est une méthode permettant le développement des savoirs et la construction des identités de jeunes, stagiaires, salariés en formation. Elle est menée à partir des ressources propres des apprenants, dans le respect de leur écosystème en les accompagnant vers leur autonomie et le développement de leur propre représentation. Elle utilise les travaux menés en pédagogie, psychologie, neurosciences, développement personnel.

Du noir au blanc

Alice Miller a denoncé la pédagogie noire dans son livre « C’est pour ton bien ». Elle explique comment parents et tuteurs issus de certaines écoles du XVII et XIXième siècle ont généré chez les enfants de la dureté voire de la violence en utilisant des méthodes représsives coupant les enfants de l’expression de leur créativité et de leur émotion. Et pourtant « C’est pour ton bien », disaient les éducateurs de l’époque. Depuis les psychologues humanistes ont apporté des outils qui permettent de passer du noir au blanc.

Vincent Lenhardt  a développé une pédagogie blanche dans les écoles de coaching Coach and Team qu’il a crées à partir des années 80 en France. Des coachs et formateurs l’ont intégrée dans certaines actions de formation. Les consultants d’Ozétudes développent des modalités de déploiement pour et avec la pédagogie blanche.

Objectif identité

L’objectif à atteindre est le développement de l’identité des apprenants. Une identité ancrée qui permet aussi de grandir en autonomie. Claude Dubar montre l’importance des autres pour grandir en identité. La pédagogie blanche utilise le groupe pour faire émerger les identités. Groupe qui permet de créer des espaces d’individualité et non d’individualisation.

 Engagement et sens

La pédagogie blanche propose un espace à l’apprenant pour s’engager librement dans l’apprentissage. Mais comment créer cette liberté dans des classes obligées. Paolo Freire a expérimenté au Brésil une conscientisation du besoin qui crée cet espace. Carl Rogers dans son livre « Liberté pour apprendre » analyse plusieurs innovations pour créer cette liberté et l’engagement nécessaire dans l’apprentissage. La pédagogie blanche s’inscrit dans ces initiatives et place ainsi l’apprenant en responsabilité, en adulte. C’est donc une andragogie blanche.

 Le formateur guide ou coach

L’apprenant – jeune, étudiant ou adulte – a déjà des éléments de connaissance, il a développé un certain savoir-faire sur le sujet et a les capacités personnelles pour acquérir les connaissances supplémentaires. L’enseignant est celui qui révèle. Il aide à ordonner et conceptualiser. Il accompagne les applications et le déploiement tant d’un point de vue individuel que collectif. Le formateur qui utilise la pédagogie blanche travaille ainsi comme un coach. Il transmet son expertise en parrallèle, au fur et à mesure de l’avancement de l’apprenant. Le processus devient aussi important que le contenu. Accompagner et enseigner, telle est ainsi sa double mission. C’est donc une pédagogie qui s’inscrit dans la tradition socratique.

Maria Montessori avait cette intuition quand elle invite les enseignants à être des « créateurs d’ambiance ». Une ambiance qui met en confiance et ouvre la créativité des enfants avec du matériel pour qu’ils se fassent progressivement leur propre représentation de la connaissance avec l’apport des enseignants. Ses écoles répondues dans le monde entier poursuivent avec succès cette approche.

Carl Rogers est allé plus loin en proposant une Approche Centrée sur la Personne (ACP), une attitude d’empathie et de confiance pour le développement des personnes. La démarche éducative ou Activation du Développement Vocationnel Personnel (ADVP) développée dans les universités canadiennes dans son sillage propose les quatre étapes d’exploration, cristallisation, spécification et réalisation qui peuvent aussi être utilisées en pédagogie blanche.

Le formateur est donc à la fois un coach, un révélateur, un enseignant, qui apporte empathie, méthode et contenu et processus. Il est centré sur son identité pour pouvoir exercer cette fonction délicate.

Mouvement des apprenants ou processus d’apprentissage

Les apprenants sont en mouvement à la fois individuellement et collectivement. La matrice de Nonaka peut se mettre en place avec ce mouvement de l’explicite vers l’implicite. L’intelligence est à la fois collective et individuelle. Les méthodes projet sont applicables avec des temps de relecture et d’expression de ce qui a été développé comme concept et représentation : le « compagnonnage reflexif » proposé par Jacqueline Dackens.

Enfin l’évaluation doit rester formative pour laisser la place au droit à l’erreur et à la responsabilisation doit le processus d’apprentissage.

Une réponse aux enjeux actuels de formation

L’enjeu de la formation devient la construction intérieure des savoirs et de l’identité. La transmission de concepts, outils et théorie peut se faire par Internet et les MOOC  libérant du temps et de l’énergie pour répondre à cet enjeu exigeant.

La pédagogie blanche s’inscrit pleinement dans l’évolution des formations actuelles. Elle regroupe les apports majeurs des meilleures écoles et courants humanistes du XXième siècle. C’est une belle réponse pour nos enfants et nos jeunes.